Importée d’Inde à la fin des années 1970, la notion de lâcher-prise va à l’encontre de nos diktats de performance. Mieux la comprendre, c’est aborder chaque moment de la vie avec davantage de souplesse.
Lâcher prise, c’est difficile
Renoncer à la tentation du contrôle, perdre de vue ses préoccupations habituelles, ses certitudes, changer de façon de penser, cela revient à se confronter à la liberté, à prendre le risque de s’aventurer dans l’inconnu. Or la liberté et l’inconnu effraient.
« S’accrocher à ses vieilles souffrances est plus rassurant que de s’ouvrir aux surprises de la vie. » explique François Roustang, philosophe et psychanalyste.
Apprendre à lâcher prise, c’est possible
Il s’agit d’apprendre à percevoir le réel sur un mode qui ne doit rien à la connaissance intellectuelle, en se branchant sur la multitude de perceptions auxquelles, en temps ordinaire, nous sommes fermés.
Mais alors, lâcher prise reviendrait-il à se détendre au point de laisser faire, voire de tout laisser aller dans son existence ?
Non, cela n’a rien à voir avec une attitude passive, négative ou fataliste. Si je reconnais que je n’ai que peu de maîtrise sur les événements, sur cette grande chaîne des causes et des effets qui composent la vie, je peux en revanche toujours agir dans l’instant présent. Il est rare qu’une situation soit complètement bloquée. L’impression d’être dans une impasse signifie d’ailleurs souvent que l’on n’a pas encore lâché prise.
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Relâcher le corps
Le lâcher-prise débute dans le corps : c’est une expérience physique de relâchement des tensions. Comme d’autres traditions et techniques psycho-corporelles, la relaxation invite à cette expérience grâce à un travail de respiration, de prise de conscience des sensations. Il s’agit alors d’oublier un peu notre attitude volontariste d’Occidentaux, nos crispations mentales, pour atteindre une connaissance plus vaste, faite d’abandon et de confiance. Né du corps, cet abandon tend peu à peu se diffuser dans les différents domaines de notre vie.
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Vivre dans le moment présent
Notre course au bonheur ne cesse de nous pousser en avant. « Quand j’aurai rencontré la femme de ma vie, je serai heureux » ; « quand j’aurai changé de travail… « ; » quand j’aurai perdu cinq kilos… » A attendre notre grand bonheur, on en oublie de regarder les petites joies du quotidien.
Être totalement dans le présent, c’est s’ouvrir à ce que nous ressentons, y compris la souffrance.
« Vivre dans le présent, c’est reconnaître que je souffre et me demander ce que je peux faire ici et maintenant pour diminuer cette souffrance » écrit le philosophe Alexandre Jollien.
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Abandonner l’illusion de la toute-puissance
C’est au travers de petits renoncements actifs grâce aux techniques psycho-corporelles, qui aident à construire davantage de confiance en soi, que l’on peut se préparer aussi aux plus grands lâcher-prise que nous enseigne la vie : la gestation et la naissance, la maladie, le deuil de ceux que nous aimons, notre propre mort…
Lâcher prise, c’est accepter nos limites et que le résultat final d’une action ne soit pas entre nos mains. C’est aussi laisser les autres décider de leur propre destin. C’est craindre moins et aimer davantage.
Sylvie Pronost, sophrologue
Pour aller plus loin,
à lire Comment lâcher prise des croyances et messages limitants ?
à écouter Amener le calme
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