L’art de l’écoute

Dans ces périodes que nous vivons, de grands bouleversements politiques, économiques et sociaux, où chacun semble vouloir se replier sur soi-même, l’importance de l’écoute de l’autre prend tout son sens.

ecouter-est-un-art

Oui, écouter est un art, un don de soi à l’autre, un moment pendant lequel je « m’efface » pour lui accorder toute mon attention, pour lui donner toute l’importance.

«Écoute, présence, attention. Qu’entendons-nous par ces notions si nécessaires à notre vie ?» s’interroge Christophe André, psychiatre.

On pourrait définir l’écoute comme une présence sans parole face à autrui, pendant laquelle toute mon attention, toute ma conscience, est tournée vers ce que dit autrui. C’est une attitude complexe, où l’on donne et où l’on reçoit.

«L’écoute est une démarche d’humilité, où l’on fait passer autrui avant soi-même.»

Dans l’écoute, on trouve trois mécanismes fonda­mentaux : le respect de la parole d’autrui, le lâcher-prise et la capacité à se laisser toucher.

Respecter la parole, c’est d’abord ne pas juger ce que nous dit l’autre pendant que nous l’écoutons. Nous avons tendance à porter un jugement : nous apprécions, ou nous n’apprécions pas, nous sommes d’accord, pas d’accord. Diffi­cile d’empêcher ce jugement de parvenir à notre esprit, mais chaque fois qu’on le remarque, on peut le noter et s’en détacher, pour revenir de son mieux à une véritable écoute.

L’autre mécanisme dans l’écoute, c’est le lâcher-prise. Dans la véritable écoute, on ne doit pas préparer sa réponse, mais seulement écouter, en lâchant prise. Notre réponse sera d’autant plus profonde et adaptée qu’on aura totalement abandonné l’idée de la préparer.

Ce lâcher-prise est aussi la condition d’une écoute sincère et véritable où l’on est prêt à se laisser toucher, émouvoir, sans jugement, sans contrôle, sans désir de maî­triser, sans aucune intention finalement.

L’écoute est un don qu’on fait à l’autre.

Par manque de considération pour autrui, on s’imagine souvent qu’on sait où notre interlocuteur veut en venir et qu’on a déjà compris les tenants et aboutissants de son problème. Avec condescendance, on donne parfois une réponse prématurée, incomplète, souvent inadaptée. Même s’il s’agit d’un conseil judicieux, on empêche la personne de dire tout ce qu’elle a sur le cœur.

Les parasites de l’écoute

« Apprendre à écouter, c’est aussi repérer les parasites qui font grésiller la ligne. Trop souvent, sans écouter l’autre à fond, je ramène tout à moi, à mon histoire, à mes catégories mentales. » explique Alexandre Jollien, philosophe.

Un affligeant réflexe qui nous pousse à répondre des : «Tu me fais penser à mon cousin…», «J’ai vécu la même chose, enfant», etc. on se replie alors sur nos opi­nions sans laisser l’autre réellement exister. « Écouter, c’est s’arrêter, oser ne plus avoir une réponse toute faite, cesser d’ensevelir autrui sous des tonnes d’étiquettes.»

En plaquant notre histoire sur celle de notre interlocuteur, nous lui nions le droit d’être diffé­rent.

La fatigue, le découragement, la précipitation… Il est tant d’éléments qui altèrent la qualité de notre écoute.

D’où la nécessité d’écouter le corps, l’esprit et le mental pour rester présent.

Prêter une oreille attentive, bienveil­lante, c’est donc repérer les parasites : la fatigue, le stress, les projections, la peur, la colère… Au fond, il s’agit de nous rendre intérieurement disponibles.

Ainsi, la meilleure façon d’accompagner un malade ou une personne en fin de vie peut être simplement d’être présent, en silence, en le regardant avec affection, en lui prenant la main, sans être envahissant.

Le silence s’ap­prend.

Oser le silence

« Le silence extérieur ouvre les portes du silence intérieur. » dit le moine bouddhiste Matthieu Ricard.

S’accorder, dans la jour­née, des moments de silence pour laisser s’en aller ce qui encombre le fond d’un cœur : laisser naître, se manifester et disparaître ce qui traverse notre esprit, congédier les idées fixes qui nous rendent décidément bien malheureux. «Oser des petites retraites, pour quitter l’agitation et descendre plus en profondeur…»

Dans la pratique de la méditation, entre le moment où les pensées passées ont cessé et avant que les prochaines pensées ne surgissent, existe un silence intérieur, une absence de bavar­dage mental. C’est la présence consciente.

Être là, présent

Cette présence à son propre corps, à ses pensées, à ses émotions, à l’ensemble de son être, plus elle est de bonne qua­lité, plus c’est un facteur de progrès personnel. On est ainsi en capacité à mieux aider les autres. 

« II faut se désemplir en partie de soi pour bien écouter. Se désemplir de ses peurs, peur de ne pas savoir quoi dire, peur de ne pas avoir de réponses à donner. Se désemplir de ses certitudes. Se désemplir de ses lassitudes. » écrit Christophe André.

Et toujours se rappeler qu’écouter, c’est donner.

Sylvie Pronost, sophrologue.

(Source d’inspiration pour l’écriture de cet article : Trois amis en quête de sagesse, de Christophe André, Alexandre Jollien et Matthieu Ricard)

Auteur : Sylvie Pronost

Un site pour vivre mieux : relaxations guidées, outils de sophrologie et philosophie de vie. Un site antistress :)

11 commentaires

  1. Certaines personnes ont peut-être une écoute bienveillante innée et c’est heureux pour leur entourage, mais pour d’autres, il est toujours possible d’apprendre à écouter. Ca demande parfois de se remettre en question, d’oublier ses préjugés, mais l’on en sort toujours grandi. Tout le monde a à y gagner 🙂
    Belle journée, Roger 🙂

    J’aime

  2. Le terme d’humilité est peut être un peu fort,mais c’est vrai que savoir écouter est une qualité que l’on a en soi et qui n’est pas donné à tous.Dommage pour eux et pour leur entourage….!
    Roger

    J’aime

  3. Merci David pour ces précisions. La posture est en effet importante tant pour l’écouté que pour celui qui écoute. Belle journée 🙂

    J’aime

  4. Merci pour cet article.
    Une écoute puissante passe aussi par tous les sens.
    La loi de Mehrabian nous rappelle que seulement 7% du message passe par les mots. 38% est véhiculé par le paraverbal (la voix) et 55% par le corps (gestes, respiration, micro-expressions du visage, etc.).

    J’aime

  5. Une très belle réflexion et tellement vrai ! Il est souvent vrai que certaines personnes ont du mal à se faire écouter … si on est attentif et on ne dit rien, on reste silencieux, ils s’interrompent et demandent : « Tu m’écoute? » …

    J’aime

  6. J’aime beaucoup ce « papier » Sylvie
    Je me retrouve beaucoup dans celui ci mais dans les deux rôles. Je pensais être beaucoup dans le rôle de celui qui n’est pas toujours écouté. J’ai souvent en retour des phrases telles que « moi aussi…. » et je me dis « oui mais c’est un autre cas »
    et finalement en te lisant, je me rends compte que mon écoute à moi n’est peut être pas aussi bonne que je le pensais.
    J’y penserai à l’avenir

    Je vais de ce pas relire ce « papier ». Je pense qu’il doit être relu plusieurs fois, pour comprendre tous les messages.

    Aimé par 1 personne

  7. Superbe article, emprunt de sérénité et de justesse. En le lisant et le relisant, je me suis rendu compte que malgré une réelle volonté d’écoute, je plaquais mon histoire sur celle de mon interlocuteur. J’y penserai la prochaine fois.

    merci

    Alexandre
    take a breath and be relax

    Aimé par 1 personne

Laissez un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s