L’arbre

À l’époque où notre monde n’était pas hérissé de tours, on disait que les arbres étaient les piliers du ciel. On contait aussi qu’aux premiers temps, Dieu vivait à portée de voix humaine. Il suffisait de lever le bras pour le toucher. Après le repas, les hommes s’essuyaient les mains sur le ciel, et il arrivait aux pileuses de mil, si elles levaient trop haut leur pilon au-dessus de leur chevelure, de chatouiller les pieds de Dieu.

Or, un jour, une femme plus grande, plus vigou­reuse et plus enthousiaste que les autres faillit ainsi éborgner le Créateur. Du coup, vexé, Dieu s’éloigna de la terre avec son ciel, et les hommes ne purent plus l’atteindre.

Alors ils plantèrent un arbre au centre de leur village. Le premier de tous. Et cet arbre se déploya jusqu’à la nouvelle demeure du Créateur.

C’est depuis ce jour que l’arbre est nommé, en Afrique, le messager immobile. Il comble l’espace entre l’homme et son Dieu. À travers l’arbre la sève céleste descend du ciel vers la terre, et la sève terrestre monte de la terre vers le ciel.

Mais rien n’est simple. On dit aussi que le dieu des nuages cherche de temps en temps à nous le dérober. Il tend ses grandes mains de vent pour essayer de nous l’arracher. Mais l’arbre résiste. Il s’accroche à la terre. Il ne veut pas quitter les hommes.

Pourquoi ? Parce qu’il est fidèle. La famille de l’arbre, c’est la pauvre et basse humanité. Il n’en changerait pas pour tous les cieux de l’univers.

Et nous, sommes-nous fidèles à l’arbre ?

par Henri GOUGAUD, écrivain, poète, conteur. Henri Gougaud  est l’auteur de nombreux ouvrages comme Petits contes de sagesse pour temps turbulents (Albin Michel).

et en cadeau, comme je suis d’humeur sylvestre, ce poème D’Hamid Tibouchi, Quand la porte se souvient, découvert chez Arbrealettres.

Sylvie Pronost, sophrologue.

Photo Unsplash

Auteur : Sylvie Pronost

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5 commentaires

  1. Désormais, je vais regarder mon jardin et plus particulièrement mes arbres d’un œil nouveau. Quelle poésie dans ce texte !
    Belle soirée Sylvie 🙂

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