Le sculpteur se fit apporter, sur la grand-place du village, un gros roc informe et compact. C’était le premier jour d’été.
Les enfants, alentour, jouaient. Quelques-uns partaient en vacances.
Passa juillet.
Vers la mi-août, la fille de l’institutrice (elle avait à peu près dix ans) revint de chez ses grands-parents après un bon mois de montagne.Le sculpteur avait, tout ce temps, travaillé presque jour et nuit.
Il était content de son œuvre : du roc était né un cheval, luisant et noir, fier, magnifique.
L’enfant, à peine descendue de son autobus, sur la place, resta plantée, l’air ébahi. L’artiste vint à côté, désigna l’ouvrage et lui dit :
– Je l’ai fini hier. Il te plaît ?
– Il est beau, lui répondit-elle. Mais autre chose m’époustoufle. Comment donc pouvais-tu savoir, quand tu as vu ce gros caillou, qu’il y avait un cheval dedans ?
(Henri GOUGAUD, Petits contes de sagesse pour temps turbulents. Site internet )